Monday, July 7, 2008

La gargouille et le Web

***Note : Cette histoire est une traduction d'un billet affiché en février. L'anachronisme sera évident (parler d'édentés devenus golfeurs), mais bon, tant pis. Genre.***

Ma Gargouille passe généralement le plus clair de son temps dans la cuisine avec ses cordes. Quand je le libère de sa geôle le matin, il se lève, nettoie la cage et se met à frotter du chanvre entre ses cuisses. Sa productivité en a cependant pris un coup récemment car il a découvert l’Internet (il a tenté de me cacher son nouveau passe-temps, mais les flaques laissées sur et autour de l’ordinateur l’ont trahi).

Il a maintenant des profils sur des sites web qui lui permettent de rencontrer et discuter avec des gens de partout dans le monde. En trois semaines, il s’est fait plus de 300 amis sur Facebook, en dépit du fait qu’il est pratiquement illettré en tout langage moderne. On dirait qu’il n’a qu’à appuyer sur la barre d’espace toutes les deux ou trois lettres pour communiquer avec cette génération analphabète de messagers instantanés.

Par exemple: urg 5d fr dse tor nn

…signifie manifestement qu’il cherche à rencontrer une femme ichtyophile, de petite stature, possédant un coupe-bordure électrique et qui aime le kayak.

Il ne cesse, depuis quelques jours, de marteler mon clavier en communiquant avec une jeune demoiselle débile de Londres. J’ai lu ses historiques de conversation et ai constaté qu’ils avaient « webcammé ». Elle aime ses oreilles poilues, et voudrait « sentir ses griffes lui érafler le dos ». Cela démontre bien que n’importe qui peut se trouver une âme complémentaire en y mettant l’effort requis. Je suis juste un peu envieux que ma « mignonne petite boule costaude à la langue goulue » (citation directe provenant de la tartine britannique) obtienne plus d’attentions du sexe mollâsque que moi.

*soupir*

Ils ont planifié une rencontre pour le printemps. Elle adore le hockey sur glace et voudrait traverser l’Atlantique pour atteindre la Mecque des amateurs de ce sport afin d’y voir les séries éliminatoires. C’est assez ironique car Gargy n’a aucune idée d’à quoi ressemblent les pousse-rondelles édentés (le hockey est banni de ma demeure. Oui, je suis un traître à la culture québécoise). Je me demande à quel point je serai responsable si par malheur elle laissait aller ses chaînes en plein centre Bell et qu’il se mettait à zinguer Youppi!*

Je doute que ces préoccupations rejoignent beaucoup de mes lecteurs.


*soupir*

*Je me dois de préciser que je suis le plus grand partisan des Expos de l’histoire de l’humanité. L’été dernier, j’ai réussi à obtenir l’autographe de notre mascotte orangée (ainsi que celle d’André Dawson :D) au cours d’une partie de baseball à l’amiable, dont les revenus allaient à une œuvre caritative. La logique de narration m’oblige à conserver mon ton cynique, mais j’ai été en pamoison avec la grosse bibitte rouquine depuis mes premiers pas. Qu’il porte maintenant le chandail des Canadiens m’est d’une douleur insoutenable.

Tuesday, July 1, 2008

La Marquise

Au cours des mois qui ont suivi mon retour d’Europe de l’est, d’où j’ai ramené une gargouille et découvert que le p’tit enculé vert faisait de TRRRRÈS belles cordes, j’ai été projeté cul par-dessus tête dans un monde de chaînes, de fouets et de chanvre roumain. ET, comme vous avez très certainement pu en déduire de mes messages précédents, je suis un tantinet inconfortable avec l’idée que l’intimité d’un couple puisse offrir autre chose que ce que j’ai appris d’un documentaire qui nous a été présenté en classe de cinquième année et qui impliquait des interactions apiaires-aviaires.

J’ai depuis réalisé que j’étais enfoncé jusqu’aux yeux dans la marrr… dans des affaires sales et aromatiques.

Une femme très charmante, et généreusement pourvue m’a approché il y a quelques semaines en vue de vendre mes cordes dans sa boutique. Celle-ci est située dans le Village, un endroit que les gens normaux et dévots évitent comme si l’immortalité de leur âme était en jeu (car elle l’est). Un endroit où les hommes (et certaines femmes, viles et libidineuses) forniquent ouvertement dans la rue, dans une manière qui défie toute description humaine. Enfin, c’est ce que disent les gens de mon entourage qui ont eu l’audace de s’aventurer à l’est de la rue Beaudry.

Et maintenant, je dois, de mon plein gré, aller livrer mes produits dans cette zone sacrilège.

La Marquise, comme je l’ai baptisée (ouf. Un baptême de feu satanique sans doute), m’a accueillie dans son enceinte de la dégradation humaine.

Bien qu’en apparence un endroit joli, propre et bien éclairé, le magasin propose des objets de cuir, de latex et d’acier qui m’ont amuï et rendu carmin jusqu’aux oreilles.

Madame la Marquise m’a chaleureusement accueilli. Elle m’a présenté son copain, dont la finesse d’esprit est presque intimidante (en moins de trois minutes, j’ai réalisé que le gars avait étudié dans les meilleurs, bien que très énigmatiques, instituts de sciences de l’Europe ancienne).

Nous avons discuté des termes de notre entente et elle m’a inondé de questions relatives à ma vie depuis l’adoption de mon vert compagnon. J’ai tenté de dissimuler la nausée causée par les objets de débauche parmi lesquels je me trouvais et j’ai répondu de façon la plus détachée que possible.

Elle a présumé que j’étais de leur « milieu » et m’a entretenu de banalités à propos de l’entretien du cuir. Puis elle a fait une remarque, qui reste inconfortablement ancrée dans ma fragile psyché : « tu sais, il y a teeeeeellement de gens qui se prennent au sérieux dans la Communauté. Comment peut-on être hautain alors qu’on s’excite à l’idée de se rentrer diverses choses dans le… »

J’ai eu un haut-le-cœur.

Elle a tout de suite eu pitié de moi et a envoyé sa moitié chercher une serviette humide pour me ragaillardir, présumant que j’avais récemment subi une session particulièrement exigeante avec une femme à la morale douteuse. Il s’agit apparemment d’un des effets secondaires qui peuvent apparaître quand une Maîtresse ne remplit pas assez sérieusement son rôle de donneuse de soins « d’après-séance ».

Mon esprit désespéré a soudainement eu l’inspiration du siècle : j’ai balancé le sac réutilisable (eille, même les capitalistes peuvent être soucieux de leur impact environnemental) rempli de cordes de chanvre de première qualité derrière le comptoir et j’ai fait la révérence vers son imposante et luisante poitrine blindée de caoutchouc, lui souhaitant une bonne soirée tout en lui expliquant que je devais filer car ma Déesse avait exigé mon retour dans le quart d’heure, me menaçant d’une nuit dans le pilori si j’avais l’impertinence de déroger à ses ordres.

Elle a tout gobé. La morale (trouvée en me baignant dans une mer d’amoralité) de cette histoire est qu’adopter une gargouille vous mène en de bien mauvais endroits. Également, il faut rester loin des gros totons, peu importe l’attrait des récompenses qu’ils promettent.

Cette leçon me suivra à jamais.

Thursday, May 22, 2008

De beaux moments

Mon ménage avec mon dégoulineur reptilien vit en ce moment de jours paisibles alors qu’il commence à s’acclimater à moi, et, plus étrangement, moi à lui. Je commence même à le trouver « mignon », spécialement quand je lui gratte le derrière des oreilles et qu’il se met à remuer et à zigner dans le vide. Pas mal comme Poncho, mon vieux chien basset incontinent et retardé, que mon ex-épouse a gardé lors du divorce. J’ai pu garder la vieille Hyundai, donc je considère le partage pas mal équitable.

Ça été particulièrement difficile pour lui de s’adapter aux mœurs Nord-Américaines. Ses deux premières semaines furent pénibles puisqu’il ne connaissait pas la langue et qu’il s’acharnait à hurler « Boona Zeewa » dès le matin, sa frustration devenant de plus en plus manifeste à mesure que la journée avançait et que je continuais d’ignorer ses incompréhensibles gargouillements. Il a depuis ingéré quelques-uns des mots français dont je l’ai nourri et c’est plutôt amusant de le voir se concentrer afin de mémoriser des phrases particulièrement salaces dans l’espoir de les utiliser lorsque des amis viendraient. J’ai bien hâte de voir le visage de Miss Jade après s’être fait demander comment ses intestins se portent après cette innommable (note : et FICTIVE!! Miss Jade est une Dame) orgie.

Ennéoué, nous nous sommes rapprochés le week-end dernier grâce à la bière au football. J’ai appris que nous partagions la même passion pour les brassages foncés et houblonneux.

Le football n’est pas tellement différent du rugby, sport très populaire en Roumanie, alors il s’est vite mis à le regarder avec moi. Lors des premières parties, il ricanait et marmonnait, tout en pointant joyeusement les joueurs. J’ai finalement compris qu’il avait du mal à croire que des hommes adultes puissent porter des armures en plastique avant de se rentrer dedans. Bien qu’il s’acharne à dire qu’il s’agit d’une sorte de version des Jeux Olympiques Spéciaux d’un sport de contact, il commence à en saisir les nuances et à réagir lors des situations tendues.

…et, inversement, une de ses réactions CAUSE des situations tendues : lorsque la caméra s’attarde sur les meneuses de claques ou que se dandinent les pétards des annonces de bière. Très fâcheusement, mon petit paquet d’écailles n’a pas connu de contact physique avec une femme depuis plusieurs mois (j’ai cru comprendre qu’il y a eu une période en 2004 au cours de laquelle il a fait partie d’une troupe de théâtre pornographique), alors la vue de voluptueuses créatures présentant peu de régions mystérieuses le font éclater.

Littéralement. Je croyais avoir vu toutes les sortes d’excrétions sortir de ce corps, mais la quantité de substance génétique qui a jailli la première fois qu’il a vu une des publicités obscènes de Budweiser allait au-delà de l’impressionnant (et de l’intimidant, mais je ne souhaite pas parler de mes insécurités péniennes dans ce forum). Le plancher en fut inondé. J’ai été chanceux que la vieille et sénile Madame Tousigny d’en bas soit partie pour ses traitements de fertilité bimensuels (elle voudrait porter la progéniture de ses chats. Je tente généralement de l’éviter) car son plafond doit dégouliner de cossetarde reproductive.

Autre coup de chance : lorsque mon procréateur en herbe s’est érigé, il a renversé son seau et nous avons découvert que la liqueur séminale de Gargouille mélangée à la bière brune formait une écume thermique particulièrement résistante. Nous n’en sommes qu’aux tests préliminaires avec la NASA, mais si tout se passe bien, les produits dérivés de l’onanisme gargouillien risquent de rapporter gros.

Y’est pas si pire après tout.

Monday, May 5, 2008

Le juge

La nature possède ses propres lois et nous pouvons les voir régir un peu partout. Si de grands arbres privent les broussailles de la lumière du soleil, celles-ci vont alimenter des feux de forêt qui feront s’incendier et provoquer la disparition d’une partie de ce couvercle obscurcissant. Les femelles de différentes espèces se sont montrées capables de se reproduire de façon asexuée lorsque les mâles manquaient, leur permettant ainsi perpétuer leurs gênes. Meutes, hordes, bandes et troupeaux s’organisent de façon à maximiser la longévité de l’espèce.

Nous, humains, placés au sommet du monde animal, et en tant que création la plus exquise de Dame Nature, avons créé nos propres lois afin de façonner notre monde en ce qui nous semble le plus « juste ». L’interprétation de la justice varie certainement à l’intérieur même de notre espèce, mais un concept –nan, un fondement- demeure omniprésent.

Les hosties de juges aux derrières desserrés lécheux de gonades.

Je me suis rendu aujourd’hui à la cour municipale, scrupuleux de remplir mon devoir de citoyen en remboursant le coût des dommages infligés à nos superbes antennes paraboliques et nos prudes populations aviaires par ma gargouille la semaine dernière. Ayant pris congé du travail en cette période particulièrement agitée (mon patron, qui possède tous les pré requis pour devenir un juge accompli, m’ajoutera certainement à sa liste noire à mon retour), j’ai décidé de braver la tempête. Ma compagnie d’assurances avait déjà remboursé les gens dont les propriétés avaient été endommagées, donc cette partie était réglée. La poursuite se concentrait donc sur la question de la légalité de posséder une créature provoquant de tels remous dans le partage des espèces tel que nous le connaissons, et qui plus est, n’a absolument aucune mention dans le code Napoléon. J’ai créé un précédent (en supposant qu’il y ait des subséquents).

À mon entrée dans la salle d’audience, on m’avisa que mon cas serait le troisième à être examiné. Je m’installai donc parmi l’auditoire et suivit l’histoire d’un couple hystérique qui déclamait contre son propriétaire (et finalement, la société dans son ensemble) qui l’obligeait à vivre dans des conditions infernales car il a fallu quatre longs jours avant que la serrure de la chambre de leur adolescent onaniste soit changée. Cet incident justifiait, semble-t-il, leur déchaînement de pyromanie sur les quatre chats angoras du propriétaire. Le deuxième cas était moins spectaculaire, bien que l’imagination déployée par une épouse trompée m’a permis de rayer une légende urbaine de certains sites avec cette histoire d’utilisation particulièrement cruelle d’un fer à friser sur le mari adultère.

Quand vint mon tour, je me dirigeai vers l’espace du prévenu en compagnie de mon avocat, et un énorme monsieur avec un marteau à la main leva les yeux d’un dossier assez épais. La mince coulisse de bave ruisselant sous sa bajoue droite a traduit l’incommensurable effort (on aurait même pu croire qu’il était lettré) qu’il déployait à tenter de comprendre le cas qui se présentait à lui. Quand il intima au procureur de résumer le dossier qu’il avait feint de lire, la charmante dame de la table voisine se leva et exposa une kyrielle d’actes répugnants associés aux faciles réjouissances gargouilliennes. Nos arguments de défense portaient sur le fait que j’avais reconnu ma part de responsabilité quant aux dommages civiques et que l’on ne pouvait me rendre coupable d’offense criminelle puisque toutes les revendications sur la propriété avaient été réglées. Nous avons de plus invoqué la Loi du Travail, qui protège mes droits d’entrepreneur (c'est-à-dire que je peux enchaîner un être productif et exploiter son unique expertise si j’en ai envie caltor!).

Heureusement, cet argument a semblé faire son chemin à travers les multiples couches de mucus du crâne de notre magistrat instructeur, car cela lui a probablement rappelé la politique RH de son sélect club de golf privé. Il a marmonné quelque chose et, même si c’était presque incompréhensible, cela a eu tout un effet sur l’auditoire, ne serait-ce que de par la cascade de salive qui a entaché sa toge alors qu’il déclamait. D’après la réaction de la salle, j’ai compris que j’avais simplement à m’assurer que ma gargouille serait efficacement incarcérée dans son lieu de travail, aussi longtemps qu’elle m’apporterait du revenu. Une fois sa période de productivité achevée, elle serait déportée ou exécutée, selon ce qui s’avèrerait le plus rentable selon l’époque et le marché du moment.

Au bout du compte, l’histoire s’est plutôt bien terminée. La compagnie d’assurances a même dépêché un ancien architecte spécialisé en habitations carcérales pour me conseiller sur les moyens de prévenir de futurs incidents en gardant le petit monstre vert à l’intérieur de son cachot. Gratuitement.

N’empêche, nous devons nous assurer de la prospérité du marché des cordes si je veux quintupler mes primes. Allez allez! Un peu de salacité bordel!

Saturday, May 3, 2008

La dragonne de jade


J’ai une très bonne amie qui, maintenant que je suis dans la bizness des cordes, m’aide beaucoup à comprendre comment les gens peuvent trouver le sexe alternatif intéressant. Elle est une véritable adepte de « la chose ». J’ai tenté d’ignorer cet aspect de sa personnalité, mais c’est un peu difficile quand elle se perd en détails sur l’entretien des vêtements en latex et que l’envie de vomir qui me prend inévitablement nuit à ma capacité d’écoute.

Il n’y a une toute petite chose étrange à propos d’elle (en plus de sa fascination pour les hommes ligotés) : c’est une dragonne. Une dragonne de jade pour être plus précis. Ayant l’esprit plutôt ouvert et étant à mes heures assez mondain, je suis tout à fait prêt à accepter que d’énormes écailleuses créatures cracheuses de feu existent (ha ! et j’allitère encore !) et prospèrent tout en ayant un impact macroéconomique positif sur notre société capitaliste. Ce qui m’irrite un tantinet c’est que Miss Jade est, genre, cousine de ma gargouille (dans un aspect ribonucléique du moins. Selon elle). Quand elle me rendit visite récemment, elle s’est trouvée déconcertée par le fait qu’une chose… congénère accepte d’être enchaînée dans ma cuisine et se vautre dans sa crasse tout en produisant des gadgets sexuels pour les personnes salaces - brillantes et séduisantes à la fois, aussi, bien sûr, ce sont nos clients - de ce monde.

(Les dragons peuvent s’avérer légèrement condescendants envers nous, pauvres êtres de chair dépourvus de carapace).

Quand j’arrive à faire fi de son attitude royale, sourde à toute opinion différant de la sienne, et que je tente de lui faire comprendre par tous les moyens que la bestiole qui m’appartient APPRÉCIE faire les cordes (et, manifestement, ADORE se vautrer dans ses immondices), elle se montre plus qu’autoritaire dans ses protestations.

La dernière fois qu’elle nous a fait grâce de sa présence, je n’avais plus du genre de simili-litière-à-chats pour déchets toxiques. Mon gargantuesque insecte était donc particulièrement effluvant. Sans même m’en parler, elle s’est emparée d’un coupe boulons d’en dessous de sa cape (les dragons aiment bien les capes. De soie. En fait, ce détail a peu d’importance sur le déroulement de l’histoire, mais il apporte un indice visuel, vous permettant ainsi de mieux apprécier la scène. Sans ces détails descriptifs, le lecteur pourrait croire que seul un fou inventerait de telles trivialités dans un contexte fictif… ça signifie donc que je dis la vérité non ?).

Je pourrais rivaliser avec l’œuvre de Soljenitsyne en gribouillant des milliers de pages pour décrire la pure cruauté et les entrailles de pigeon éparpillées ayant résulté de son geste inconsidéré. Qu’il me suffise de dire que les vieillots toits plats caractéristiques du Plateau ouvrier des siècles derniers ont été témoins d’une scène d’abjecte et sanglante agilité gargouillienne et de viols d’oiseaux urbains.

…il aura fallu mobiliser le tiers des pompiers de Montréal pour l’immobiliser. Puisqu’ils étaient sans ceinture – ces gigantesques et caoutchouteux pantalons de clowns nécessitant des bretelles – ils n’avaient pas l’équipement correctionnel de cuir convenable dans ce genre de situation. Je suis convoqué à la cour municipale la semaine prochaine afin de justifier ma possession d’un tel être aromatique. Je devrai probablement devoir expliquer à un juge à la soumission inavouée et en total déni de son fétichisme du pied comment le chanvre permet de fabriquer de superbes cordes.

ET Madame Jade ne m’a jamais présenté d’excuses.

Quelle vie palpitante que la mienne. Eh Misère.

Monday, April 21, 2008

La Gargouille et le chanvre roumain

La Roumanie, pour les gens civilisés, est un petit bout de terre peu connu, généralement associé aux gitanes, aux gymnastes et aux gynéco-dictateurs fusillés (oh c’est dur d’allitérer. Foutez-moi la paix). Bien que ces éléments constituent l’attrait principal de l’endroit, j’ai aussi trouvé les gens très accueillants; tant que vous n’essayez pas de devenir un despote mégalomane (ils vous regardent bizarrement lorsque vous le faites).


Quand j’ai ramassé mon inconscient petit compagnon bulbeux, je l’ai fait parce que j’avais ouï-dire que de marcher dans la vieille capitale roumaine accompagné d’une gargouille portait chance auprès des damoiselles. J’ai cru que c’était à cause de l’insoutenable puanteur, qui devait certainement contenir des phéromones de charge nucléaire.


… J’ai, très vraisemblablement, une gargouille défectueuse.


Quoi qu’il en soit, l’ayant ramené à la maison (le magnétisme à femelles du gargouillien ne semble pas mieux fonctionner auprès des poupounes québécoises), j’ai tout de même remarqué l’avantage de le posséder : il fait des cordes de chanvre!


Maintenant je n’ai aucune idée du quoi et du pourquoi ce serait une bonne chose, mais il existe apparemment des gens qui utilisent des cordes pour se lier les uns aux autres pendant les relations maritales (ou martiales. Je ne sais jamais trop) et le chanvre roumain est le matériau de choix pour ces gens psychologiquement dérangés. Bien que ce fait provoque en moi des crises de péristaltisme inversé – je suis plutôt du genre soirée-tranquille-au-vin-blanc-en-quémandage-de-
fellation – j’ai remarqué que la VENTE de cordes de chanvre roumain était plutôt rentable.


Étant le fier détenteur d’un MBA, je n’ai absolument aucun scrupule à attacher une répugnante fioriture d’église médiévale dans ma cuisine et d’exploiter son don inné de la filature du chanvre pour le lucre. Bien au contraire. Nous avons passé un semestre entier sur les considérations éthiques de l’usage des entraves de fer et autres techniques de motivation à appliquer sur les étrangers (mes collègues de promotion étaient majoritairement en faveur de l’utilisation du pilori, mais largement contre l’utilisation du gaz lacrymogène dans la cafétéria lors des périodes de négociation de conventions collectives. J’ai cependant argumenté du côté de la minorité sur le dernier point. Comment ne pas aimer les études commerciales ?).


Il semblerait que ma gargouille utilise une recette pour faire des cordes qui s’est transmise au cours des siècles (ce qui, pour de telles créatures, signifie deux générations. Sa maman gargouille la lui a apprise juste avant son mélodramatique suicide mettant en scène une cuve de beurre de cacahuètes, onze kilos d’ours en jujubes et une femme enceinte).


Si vous faites partie de cette minorité pour qui le sexe excède les limites de ce qui est NORMAL (la position du missionnaire tous les deux mercredis pour treize minutes), je vous invite à visiter mon site au http://www.maitregargouille.com/. Rappelez-vous que VOUS SEUL pouvez faire une différence et m’aider à garder une pauvre, répugnante, visqueuse, mais mignonne créature dans ses chaînes. En achetant mes cordes.

Monday, April 7, 2008

Ça y’est!

J’ai récemment eu l’opportunité de prendre quelques verres avec la jolie secrétaire du 13è étage. Celle qui me fait rougir jusqu’aux oreilles chaque fois que je passe devant son bureau.

En anticipation, probablement futile, de sa venue dans mon antre, j’ai soigneusement caché ma petite bête dans un placard, prenant soin de l’immobiliser en attachant les quatre chaînes de son collier de fer au plafond et de la rendre muette grâce au bâillon en ruban électrique que j’ai savamment confectionné à son intention. Au final, l’animal semblait assez heureux de son sort (j’ai appris que les gargouilles apprécient être enserrées par des colliers de fer et recevoir des choses collantes dans la bouche).

Au bar tout s’est bien passé. Mon envie désespérée de contact physique avec une créature non morveuse (ben… sauf en ce qui concerne la « morve goûteuse » *rougissement*) ne transperçait pas trop. J’espère. Probablement pas. Je suis certain qu’elle n’a pas remarqué mon tic nerveux, qui consiste généralement en une chorégraphie assez élaborée de replaçage de poche et de gratouillage de narines.

Après sa délicate enfilade de bières légères et de shooters multicolores (qui, de façon assez stupéfiante, s’harmonisaient avec les couleurs du tatouage qu’elle a dans le cou), nous sommes partis d’un pas allègre vers mon domicile, n’arrêtant qu’occasionnellement aux haltes-poubelles afin de donner libre cours à ses tentatives d’évacuation stomacale, pendant que je la retenais galamment afin de l’empêcher de tomber inconsciente dans le banc de neige.

…puis, nos esprits délicieusement vivifiés et notre désir naissant furent assourdis par la symphonie de nos cœurs battant à l’unisson.

Lorsque j’ai ouvert la porte d’entrée, j’ai réalisé que je n’avais jamais vu Gargouille à proximité d’une femme non amputée. Il a réussi à sentir la femelle à travers la porte du placard et il semble que ça l’ait rendu quelque peu détraqué. Après avoir arraché les chaînes du mur (ne pas oublier de donner la marque de vis à gyproc cheapos à la jeune femme; elle voudra sans doute inclure leur fabricant dans sa poursuite judiciaire afin d’obtenir dédommagement pour les dépenses médicales encourues), il a bondi jusqu’à sa taille, a enfoncé ses griffes dans le bas de son dos et s’est lancé dans une inspection hyperventilatoire des odeurs féminines, ses chaînes pendantes allant marteler les tibias et les orteils de la belle.

Cependant la chance me souriait et j’ai eu la rapidité d’esprit de défaire ma ceinture et de l’utiliser comme martinet improvisé. Après une douzaines de coups aux omoplates, Gargouille a doucement lâché prise et s’est effondré sur le sol, en extase totale. J’exhortai la demoiselle à partir illico tandis que je tentais de maintenir l’animal dans son masochisme bienheureux et elle a (très à propos d’ailleurs – ses attributs supérieurs feront certainement d’elle une excellente génitrice) compris qu’elle avait là l’opportunité d’éviter le démembrement.

Je me rappellerai toujours de son regard lorsqu’elle a vu le petit être salivant accourir vers elle. Ses magnifiques yeux verts presque complètement sortis de leur orbite. *soupir*

Trois semaines plus tard, j’ai appris, par le biais du réseau à potins du bureau, qu’elle avait quitté la compagnie. Plusieurs hypothèses ont été formulées quant à la raison de ce départ précipité, mais elle n’a laissé aucun indice, et mystérieusement, aucune adresse de réexpédition.

J’ai, depuis, fait fabriquer une cage pour mon geyser à salive, avec barreaux d’acier larges de trois centimètres, complètement enserrés par une plaque de diamant.

Le tout par mesure de protection pour la prochaine fois que j’emmènerai une femme à la maison. J’ai aussi appris de nouveaux trucs avec la ceinture. Voilà qui est très bien.