Tuesday, July 1, 2008

La Marquise

Au cours des mois qui ont suivi mon retour d’Europe de l’est, d’où j’ai ramené une gargouille et découvert que le p’tit enculé vert faisait de TRRRRÈS belles cordes, j’ai été projeté cul par-dessus tête dans un monde de chaînes, de fouets et de chanvre roumain. ET, comme vous avez très certainement pu en déduire de mes messages précédents, je suis un tantinet inconfortable avec l’idée que l’intimité d’un couple puisse offrir autre chose que ce que j’ai appris d’un documentaire qui nous a été présenté en classe de cinquième année et qui impliquait des interactions apiaires-aviaires.

J’ai depuis réalisé que j’étais enfoncé jusqu’aux yeux dans la marrr… dans des affaires sales et aromatiques.

Une femme très charmante, et généreusement pourvue m’a approché il y a quelques semaines en vue de vendre mes cordes dans sa boutique. Celle-ci est située dans le Village, un endroit que les gens normaux et dévots évitent comme si l’immortalité de leur âme était en jeu (car elle l’est). Un endroit où les hommes (et certaines femmes, viles et libidineuses) forniquent ouvertement dans la rue, dans une manière qui défie toute description humaine. Enfin, c’est ce que disent les gens de mon entourage qui ont eu l’audace de s’aventurer à l’est de la rue Beaudry.

Et maintenant, je dois, de mon plein gré, aller livrer mes produits dans cette zone sacrilège.

La Marquise, comme je l’ai baptisée (ouf. Un baptême de feu satanique sans doute), m’a accueillie dans son enceinte de la dégradation humaine.

Bien qu’en apparence un endroit joli, propre et bien éclairé, le magasin propose des objets de cuir, de latex et d’acier qui m’ont amuï et rendu carmin jusqu’aux oreilles.

Madame la Marquise m’a chaleureusement accueilli. Elle m’a présenté son copain, dont la finesse d’esprit est presque intimidante (en moins de trois minutes, j’ai réalisé que le gars avait étudié dans les meilleurs, bien que très énigmatiques, instituts de sciences de l’Europe ancienne).

Nous avons discuté des termes de notre entente et elle m’a inondé de questions relatives à ma vie depuis l’adoption de mon vert compagnon. J’ai tenté de dissimuler la nausée causée par les objets de débauche parmi lesquels je me trouvais et j’ai répondu de façon la plus détachée que possible.

Elle a présumé que j’étais de leur « milieu » et m’a entretenu de banalités à propos de l’entretien du cuir. Puis elle a fait une remarque, qui reste inconfortablement ancrée dans ma fragile psyché : « tu sais, il y a teeeeeellement de gens qui se prennent au sérieux dans la Communauté. Comment peut-on être hautain alors qu’on s’excite à l’idée de se rentrer diverses choses dans le… »

J’ai eu un haut-le-cœur.

Elle a tout de suite eu pitié de moi et a envoyé sa moitié chercher une serviette humide pour me ragaillardir, présumant que j’avais récemment subi une session particulièrement exigeante avec une femme à la morale douteuse. Il s’agit apparemment d’un des effets secondaires qui peuvent apparaître quand une Maîtresse ne remplit pas assez sérieusement son rôle de donneuse de soins « d’après-séance ».

Mon esprit désespéré a soudainement eu l’inspiration du siècle : j’ai balancé le sac réutilisable (eille, même les capitalistes peuvent être soucieux de leur impact environnemental) rempli de cordes de chanvre de première qualité derrière le comptoir et j’ai fait la révérence vers son imposante et luisante poitrine blindée de caoutchouc, lui souhaitant une bonne soirée tout en lui expliquant que je devais filer car ma Déesse avait exigé mon retour dans le quart d’heure, me menaçant d’une nuit dans le pilori si j’avais l’impertinence de déroger à ses ordres.

Elle a tout gobé. La morale (trouvée en me baignant dans une mer d’amoralité) de cette histoire est qu’adopter une gargouille vous mène en de bien mauvais endroits. Également, il faut rester loin des gros totons, peu importe l’attrait des récompenses qu’ils promettent.

Cette leçon me suivra à jamais.

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