J’ai récemment eu l’opportunité de prendre quelques verres avec la jolie secrétaire du 13è étage. Celle qui me fait rougir jusqu’aux oreilles chaque fois que je passe devant son bureau.
En anticipation, probablement futile, de sa venue dans mon antre, j’ai soigneusement caché ma petite bête dans un placard, prenant soin de l’immobiliser en attachant les quatre chaînes de son collier de fer au plafond et de la rendre muette grâce au bâillon en ruban électrique que j’ai savamment confectionné à son intention. Au final, l’animal semblait assez heureux de son sort (j’ai appris que les gargouilles apprécient être enserrées par des colliers de fer et recevoir des choses collantes dans la bouche).
Au bar tout s’est bien passé. Mon envie désespérée de contact physique avec une créature non morveuse (ben… sauf en ce qui concerne la « morve goûteuse » *rougissement*) ne transperçait pas trop. J’espère. Probablement pas. Je suis certain qu’elle n’a pas remarqué mon tic nerveux, qui consiste généralement en une chorégraphie assez élaborée de replaçage de poche et de gratouillage de narines.
Après sa délicate enfilade de bières légères et de shooters multicolores (qui, de façon assez stupéfiante, s’harmonisaient avec les couleurs du tatouage qu’elle a dans le cou), nous sommes partis d’un pas allègre vers mon domicile, n’arrêtant qu’occasionnellement aux haltes-poubelles afin de donner libre cours à ses tentatives d’évacuation stomacale, pendant que je la retenais galamment afin de l’empêcher de tomber inconsciente dans le banc de neige.
…puis, nos esprits délicieusement vivifiés et notre désir naissant furent assourdis par la symphonie de nos cœurs battant à l’unisson.
Lorsque j’ai ouvert la porte d’entrée, j’ai réalisé que je n’avais jamais vu Gargouille à proximité d’une femme non amputée. Il a réussi à sentir la femelle à travers la porte du placard et il semble que ça l’ait rendu quelque peu détraqué. Après avoir arraché les chaînes du mur (ne pas oublier de donner la marque de vis à gyproc cheapos à la jeune femme; elle voudra sans doute inclure leur fabricant dans sa poursuite judiciaire afin d’obtenir dédommagement pour les dépenses médicales encourues), il a bondi jusqu’à sa taille, a enfoncé ses griffes dans le bas de son dos et s’est lancé dans une inspection hyperventilatoire des odeurs féminines, ses chaînes pendantes allant marteler les tibias et les orteils de la belle.
Cependant la chance me souriait et j’ai eu la rapidité d’esprit de défaire ma ceinture et de l’utiliser comme martinet improvisé. Après une douzaines de coups aux omoplates, Gargouille a doucement lâché prise et s’est effondré sur le sol, en extase totale. J’exhortai la demoiselle à partir illico tandis que je tentais de maintenir l’animal dans son masochisme bienheureux et elle a (très à propos d’ailleurs – ses attributs supérieurs feront certainement d’elle une excellente génitrice) compris qu’elle avait là l’opportunité d’éviter le démembrement.
Je me rappellerai toujours de son regard lorsqu’elle a vu le petit être salivant accourir vers elle. Ses magnifiques yeux verts presque complètement sortis de leur orbite. *soupir*
Trois semaines plus tard, j’ai appris, par le biais du réseau à potins du bureau, qu’elle avait quitté la compagnie. Plusieurs hypothèses ont été formulées quant à la raison de ce départ précipité, mais elle n’a laissé aucun indice, et mystérieusement, aucune adresse de réexpédition.
J’ai, depuis, fait fabriquer une cage pour mon geyser à salive, avec barreaux d’acier larges de trois centimètres, complètement enserrés par une plaque de diamant.
Le tout par mesure de protection pour la prochaine fois que j’emmènerai une femme à la maison. J’ai aussi appris de nouveaux trucs avec la ceinture. Voilà qui est très bien.
Monday, April 7, 2008
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