Mon ménage avec mon dégoulineur reptilien vit en ce moment de jours paisibles alors qu’il commence à s’acclimater à moi, et, plus étrangement, moi à lui. Je commence même à le trouver « mignon », spécialement quand je lui gratte le derrière des oreilles et qu’il se met à remuer et à zigner dans le vide. Pas mal comme Poncho, mon vieux chien basset incontinent et retardé, que mon ex-épouse a gardé lors du divorce. J’ai pu garder la vieille Hyundai, donc je considère le partage pas mal équitable.
Ça été particulièrement difficile pour lui de s’adapter aux mœurs Nord-Américaines. Ses deux premières semaines furent pénibles puisqu’il ne connaissait pas la langue et qu’il s’acharnait à hurler « Boona Zeewa » dès le matin, sa frustration devenant de plus en plus manifeste à mesure que la journée avançait et que je continuais d’ignorer ses incompréhensibles gargouillements. Il a depuis ingéré quelques-uns des mots français dont je l’ai nourri et c’est plutôt amusant de le voir se concentrer afin de mémoriser des phrases particulièrement salaces dans l’espoir de les utiliser lorsque des amis viendraient. J’ai bien hâte de voir le visage de Miss Jade après s’être fait demander comment ses intestins se portent après cette innommable (note : et FICTIVE!! Miss Jade est une Dame) orgie.
Ennéoué, nous nous sommes rapprochés le week-end dernier grâce à la bière au football. J’ai appris que nous partagions la même passion pour les brassages foncés et houblonneux.
Le football n’est pas tellement différent du rugby, sport très populaire en Roumanie, alors il s’est vite mis à le regarder avec moi. Lors des premières parties, il ricanait et marmonnait, tout en pointant joyeusement les joueurs. J’ai finalement compris qu’il avait du mal à croire que des hommes adultes puissent porter des armures en plastique avant de se rentrer dedans. Bien qu’il s’acharne à dire qu’il s’agit d’une sorte de version des Jeux Olympiques Spéciaux d’un sport de contact, il commence à en saisir les nuances et à réagir lors des situations tendues.
…et, inversement, une de ses réactions CAUSE des situations tendues : lorsque la caméra s’attarde sur les meneuses de claques ou que se dandinent les pétards des annonces de bière. Très fâcheusement, mon petit paquet d’écailles n’a pas connu de contact physique avec une femme depuis plusieurs mois (j’ai cru comprendre qu’il y a eu une période en 2004 au cours de laquelle il a fait partie d’une troupe de théâtre pornographique), alors la vue de voluptueuses créatures présentant peu de régions mystérieuses le font éclater.
Littéralement. Je croyais avoir vu toutes les sortes d’excrétions sortir de ce corps, mais la quantité de substance génétique qui a jailli la première fois qu’il a vu une des publicités obscènes de Budweiser allait au-delà de l’impressionnant (et de l’intimidant, mais je ne souhaite pas parler de mes insécurités péniennes dans ce forum). Le plancher en fut inondé. J’ai été chanceux que la vieille et sénile Madame Tousigny d’en bas soit partie pour ses traitements de fertilité bimensuels (elle voudrait porter la progéniture de ses chats. Je tente généralement de l’éviter) car son plafond doit dégouliner de cossetarde reproductive.
Autre coup de chance : lorsque mon procréateur en herbe s’est érigé, il a renversé son seau et nous avons découvert que la liqueur séminale de Gargouille mélangée à la bière brune formait une écume thermique particulièrement résistante. Nous n’en sommes qu’aux tests préliminaires avec la NASA, mais si tout se passe bien, les produits dérivés de l’onanisme gargouillien risquent de rapporter gros.
Y’est pas si pire après tout.
Thursday, May 22, 2008
Monday, May 5, 2008
Le juge
La nature possède ses propres lois et nous pouvons les voir régir un peu partout. Si de grands arbres privent les broussailles de la lumière du soleil, celles-ci vont alimenter des feux de forêt qui feront s’incendier et provoquer la disparition d’une partie de ce couvercle obscurcissant. Les femelles de différentes espèces se sont montrées capables de se reproduire de façon asexuée lorsque les mâles manquaient, leur permettant ainsi perpétuer leurs gênes. Meutes, hordes, bandes et troupeaux s’organisent de façon à maximiser la longévité de l’espèce.
Nous, humains, placés au sommet du monde animal, et en tant que création la plus exquise de Dame Nature, avons créé nos propres lois afin de façonner notre monde en ce qui nous semble le plus « juste ». L’interprétation de la justice varie certainement à l’intérieur même de notre espèce, mais un concept –nan, un fondement- demeure omniprésent.
Les hosties de juges aux derrières desserrés lécheux de gonades.
Je me suis rendu aujourd’hui à la cour municipale, scrupuleux de remplir mon devoir de citoyen en remboursant le coût des dommages infligés à nos superbes antennes paraboliques et nos prudes populations aviaires par ma gargouille la semaine dernière. Ayant pris congé du travail en cette période particulièrement agitée (mon patron, qui possède tous les pré requis pour devenir un juge accompli, m’ajoutera certainement à sa liste noire à mon retour), j’ai décidé de braver la tempête. Ma compagnie d’assurances avait déjà remboursé les gens dont les propriétés avaient été endommagées, donc cette partie était réglée. La poursuite se concentrait donc sur la question de la légalité de posséder une créature provoquant de tels remous dans le partage des espèces tel que nous le connaissons, et qui plus est, n’a absolument aucune mention dans le code Napoléon. J’ai créé un précédent (en supposant qu’il y ait des subséquents).
À mon entrée dans la salle d’audience, on m’avisa que mon cas serait le troisième à être examiné. Je m’installai donc parmi l’auditoire et suivit l’histoire d’un couple hystérique qui déclamait contre son propriétaire (et finalement, la société dans son ensemble) qui l’obligeait à vivre dans des conditions infernales car il a fallu quatre longs jours avant que la serrure de la chambre de leur adolescent onaniste soit changée. Cet incident justifiait, semble-t-il, leur déchaînement de pyromanie sur les quatre chats angoras du propriétaire. Le deuxième cas était moins spectaculaire, bien que l’imagination déployée par une épouse trompée m’a permis de rayer une légende urbaine de certains sites avec cette histoire d’utilisation particulièrement cruelle d’un fer à friser sur le mari adultère.
Quand vint mon tour, je me dirigeai vers l’espace du prévenu en compagnie de mon avocat, et un énorme monsieur avec un marteau à la main leva les yeux d’un dossier assez épais. La mince coulisse de bave ruisselant sous sa bajoue droite a traduit l’incommensurable effort (on aurait même pu croire qu’il était lettré) qu’il déployait à tenter de comprendre le cas qui se présentait à lui. Quand il intima au procureur de résumer le dossier qu’il avait feint de lire, la charmante dame de la table voisine se leva et exposa une kyrielle d’actes répugnants associés aux faciles réjouissances gargouilliennes. Nos arguments de défense portaient sur le fait que j’avais reconnu ma part de responsabilité quant aux dommages civiques et que l’on ne pouvait me rendre coupable d’offense criminelle puisque toutes les revendications sur la propriété avaient été réglées. Nous avons de plus invoqué la Loi du Travail, qui protège mes droits d’entrepreneur (c'est-à-dire que je peux enchaîner un être productif et exploiter son unique expertise si j’en ai envie caltor!).
Heureusement, cet argument a semblé faire son chemin à travers les multiples couches de mucus du crâne de notre magistrat instructeur, car cela lui a probablement rappelé la politique RH de son sélect club de golf privé. Il a marmonné quelque chose et, même si c’était presque incompréhensible, cela a eu tout un effet sur l’auditoire, ne serait-ce que de par la cascade de salive qui a entaché sa toge alors qu’il déclamait. D’après la réaction de la salle, j’ai compris que j’avais simplement à m’assurer que ma gargouille serait efficacement incarcérée dans son lieu de travail, aussi longtemps qu’elle m’apporterait du revenu. Une fois sa période de productivité achevée, elle serait déportée ou exécutée, selon ce qui s’avèrerait le plus rentable selon l’époque et le marché du moment.
Au bout du compte, l’histoire s’est plutôt bien terminée. La compagnie d’assurances a même dépêché un ancien architecte spécialisé en habitations carcérales pour me conseiller sur les moyens de prévenir de futurs incidents en gardant le petit monstre vert à l’intérieur de son cachot. Gratuitement.
N’empêche, nous devons nous assurer de la prospérité du marché des cordes si je veux quintupler mes primes. Allez allez! Un peu de salacité bordel!
Nous, humains, placés au sommet du monde animal, et en tant que création la plus exquise de Dame Nature, avons créé nos propres lois afin de façonner notre monde en ce qui nous semble le plus « juste ». L’interprétation de la justice varie certainement à l’intérieur même de notre espèce, mais un concept –nan, un fondement- demeure omniprésent.
Les hosties de juges aux derrières desserrés lécheux de gonades.
Je me suis rendu aujourd’hui à la cour municipale, scrupuleux de remplir mon devoir de citoyen en remboursant le coût des dommages infligés à nos superbes antennes paraboliques et nos prudes populations aviaires par ma gargouille la semaine dernière. Ayant pris congé du travail en cette période particulièrement agitée (mon patron, qui possède tous les pré requis pour devenir un juge accompli, m’ajoutera certainement à sa liste noire à mon retour), j’ai décidé de braver la tempête. Ma compagnie d’assurances avait déjà remboursé les gens dont les propriétés avaient été endommagées, donc cette partie était réglée. La poursuite se concentrait donc sur la question de la légalité de posséder une créature provoquant de tels remous dans le partage des espèces tel que nous le connaissons, et qui plus est, n’a absolument aucune mention dans le code Napoléon. J’ai créé un précédent (en supposant qu’il y ait des subséquents).
À mon entrée dans la salle d’audience, on m’avisa que mon cas serait le troisième à être examiné. Je m’installai donc parmi l’auditoire et suivit l’histoire d’un couple hystérique qui déclamait contre son propriétaire (et finalement, la société dans son ensemble) qui l’obligeait à vivre dans des conditions infernales car il a fallu quatre longs jours avant que la serrure de la chambre de leur adolescent onaniste soit changée. Cet incident justifiait, semble-t-il, leur déchaînement de pyromanie sur les quatre chats angoras du propriétaire. Le deuxième cas était moins spectaculaire, bien que l’imagination déployée par une épouse trompée m’a permis de rayer une légende urbaine de certains sites avec cette histoire d’utilisation particulièrement cruelle d’un fer à friser sur le mari adultère.
Quand vint mon tour, je me dirigeai vers l’espace du prévenu en compagnie de mon avocat, et un énorme monsieur avec un marteau à la main leva les yeux d’un dossier assez épais. La mince coulisse de bave ruisselant sous sa bajoue droite a traduit l’incommensurable effort (on aurait même pu croire qu’il était lettré) qu’il déployait à tenter de comprendre le cas qui se présentait à lui. Quand il intima au procureur de résumer le dossier qu’il avait feint de lire, la charmante dame de la table voisine se leva et exposa une kyrielle d’actes répugnants associés aux faciles réjouissances gargouilliennes. Nos arguments de défense portaient sur le fait que j’avais reconnu ma part de responsabilité quant aux dommages civiques et que l’on ne pouvait me rendre coupable d’offense criminelle puisque toutes les revendications sur la propriété avaient été réglées. Nous avons de plus invoqué la Loi du Travail, qui protège mes droits d’entrepreneur (c'est-à-dire que je peux enchaîner un être productif et exploiter son unique expertise si j’en ai envie caltor!).
Heureusement, cet argument a semblé faire son chemin à travers les multiples couches de mucus du crâne de notre magistrat instructeur, car cela lui a probablement rappelé la politique RH de son sélect club de golf privé. Il a marmonné quelque chose et, même si c’était presque incompréhensible, cela a eu tout un effet sur l’auditoire, ne serait-ce que de par la cascade de salive qui a entaché sa toge alors qu’il déclamait. D’après la réaction de la salle, j’ai compris que j’avais simplement à m’assurer que ma gargouille serait efficacement incarcérée dans son lieu de travail, aussi longtemps qu’elle m’apporterait du revenu. Une fois sa période de productivité achevée, elle serait déportée ou exécutée, selon ce qui s’avèrerait le plus rentable selon l’époque et le marché du moment.
Au bout du compte, l’histoire s’est plutôt bien terminée. La compagnie d’assurances a même dépêché un ancien architecte spécialisé en habitations carcérales pour me conseiller sur les moyens de prévenir de futurs incidents en gardant le petit monstre vert à l’intérieur de son cachot. Gratuitement.
N’empêche, nous devons nous assurer de la prospérité du marché des cordes si je veux quintupler mes primes. Allez allez! Un peu de salacité bordel!
Saturday, May 3, 2008
La dragonne de jade
J’ai une très bonne amie qui, maintenant que je suis dans la bizness des cordes, m’aide beaucoup à comprendre comment les gens peuvent trouver le sexe alternatif intéressant. Elle est une véritable adepte de « la chose ». J’ai tenté d’ignorer cet aspect de sa personnalité, mais c’est un peu difficile quand elle se perd en détails sur l’entretien des vêtements en latex et que l’envie de vomir qui me prend inévitablement nuit à ma capacité d’écoute.
Il n’y a une toute petite chose étrange à propos d’elle (en plus de sa fascination pour les hommes ligotés) : c’est une dragonne. Une dragonne de jade pour être plus précis. Ayant l’esprit plutôt ouvert et étant à mes heures assez mondain, je suis tout à fait prêt à accepter que d’énormes écailleuses créatures cracheuses de feu existent (ha ! et j’allitère encore !) et prospèrent tout en ayant un impact macroéconomique positif sur notre société capitaliste. Ce qui m’irrite un tantinet c’est que Miss Jade est, genre, cousine de ma gargouille (dans un aspect ribonucléique du moins. Selon elle). Quand elle me rendit visite récemment, elle s’est trouvée déconcertée par le fait qu’une chose… congénère accepte d’être enchaînée dans ma cuisine et se vautre dans sa crasse tout en produisant des gadgets sexuels pour les personnes salaces - brillantes et séduisantes à la fois, aussi, bien sûr, ce sont nos clients - de ce monde.
(Les dragons peuvent s’avérer légèrement condescendants envers nous, pauvres êtres de chair dépourvus de carapace).
Quand j’arrive à faire fi de son attitude royale, sourde à toute opinion différant de la sienne, et que je tente de lui faire comprendre par tous les moyens que la bestiole qui m’appartient APPRÉCIE faire les cordes (et, manifestement, ADORE se vautrer dans ses immondices), elle se montre plus qu’autoritaire dans ses protestations.
La dernière fois qu’elle nous a fait grâce de sa présence, je n’avais plus du genre de simili-litière-à-chats pour déchets toxiques. Mon gargantuesque insecte était donc particulièrement effluvant. Sans même m’en parler, elle s’est emparée d’un coupe boulons d’en dessous de sa cape (les dragons aiment bien les capes. De soie. En fait, ce détail a peu d’importance sur le déroulement de l’histoire, mais il apporte un indice visuel, vous permettant ainsi de mieux apprécier la scène. Sans ces détails descriptifs, le lecteur pourrait croire que seul un fou inventerait de telles trivialités dans un contexte fictif… ça signifie donc que je dis la vérité non ?).
Je pourrais rivaliser avec l’œuvre de Soljenitsyne en gribouillant des milliers de pages pour décrire la pure cruauté et les entrailles de pigeon éparpillées ayant résulté de son geste inconsidéré. Qu’il me suffise de dire que les vieillots toits plats caractéristiques du Plateau ouvrier des siècles derniers ont été témoins d’une scène d’abjecte et sanglante agilité gargouillienne et de viols d’oiseaux urbains.
…il aura fallu mobiliser le tiers des pompiers de Montréal pour l’immobiliser. Puisqu’ils étaient sans ceinture – ces gigantesques et caoutchouteux pantalons de clowns nécessitant des bretelles – ils n’avaient pas l’équipement correctionnel de cuir convenable dans ce genre de situation. Je suis convoqué à la cour municipale la semaine prochaine afin de justifier ma possession d’un tel être aromatique. Je devrai probablement devoir expliquer à un juge à la soumission inavouée et en total déni de son fétichisme du pied comment le chanvre permet de fabriquer de superbes cordes.
ET Madame Jade ne m’a jamais présenté d’excuses.
Quelle vie palpitante que la mienne. Eh Misère.
Subscribe to:
Posts (Atom)