Monday, April 21, 2008

La Gargouille et le chanvre roumain

La Roumanie, pour les gens civilisés, est un petit bout de terre peu connu, généralement associé aux gitanes, aux gymnastes et aux gynéco-dictateurs fusillés (oh c’est dur d’allitérer. Foutez-moi la paix). Bien que ces éléments constituent l’attrait principal de l’endroit, j’ai aussi trouvé les gens très accueillants; tant que vous n’essayez pas de devenir un despote mégalomane (ils vous regardent bizarrement lorsque vous le faites).


Quand j’ai ramassé mon inconscient petit compagnon bulbeux, je l’ai fait parce que j’avais ouï-dire que de marcher dans la vieille capitale roumaine accompagné d’une gargouille portait chance auprès des damoiselles. J’ai cru que c’était à cause de l’insoutenable puanteur, qui devait certainement contenir des phéromones de charge nucléaire.


… J’ai, très vraisemblablement, une gargouille défectueuse.


Quoi qu’il en soit, l’ayant ramené à la maison (le magnétisme à femelles du gargouillien ne semble pas mieux fonctionner auprès des poupounes québécoises), j’ai tout de même remarqué l’avantage de le posséder : il fait des cordes de chanvre!


Maintenant je n’ai aucune idée du quoi et du pourquoi ce serait une bonne chose, mais il existe apparemment des gens qui utilisent des cordes pour se lier les uns aux autres pendant les relations maritales (ou martiales. Je ne sais jamais trop) et le chanvre roumain est le matériau de choix pour ces gens psychologiquement dérangés. Bien que ce fait provoque en moi des crises de péristaltisme inversé – je suis plutôt du genre soirée-tranquille-au-vin-blanc-en-quémandage-de-
fellation – j’ai remarqué que la VENTE de cordes de chanvre roumain était plutôt rentable.


Étant le fier détenteur d’un MBA, je n’ai absolument aucun scrupule à attacher une répugnante fioriture d’église médiévale dans ma cuisine et d’exploiter son don inné de la filature du chanvre pour le lucre. Bien au contraire. Nous avons passé un semestre entier sur les considérations éthiques de l’usage des entraves de fer et autres techniques de motivation à appliquer sur les étrangers (mes collègues de promotion étaient majoritairement en faveur de l’utilisation du pilori, mais largement contre l’utilisation du gaz lacrymogène dans la cafétéria lors des périodes de négociation de conventions collectives. J’ai cependant argumenté du côté de la minorité sur le dernier point. Comment ne pas aimer les études commerciales ?).


Il semblerait que ma gargouille utilise une recette pour faire des cordes qui s’est transmise au cours des siècles (ce qui, pour de telles créatures, signifie deux générations. Sa maman gargouille la lui a apprise juste avant son mélodramatique suicide mettant en scène une cuve de beurre de cacahuètes, onze kilos d’ours en jujubes et une femme enceinte).


Si vous faites partie de cette minorité pour qui le sexe excède les limites de ce qui est NORMAL (la position du missionnaire tous les deux mercredis pour treize minutes), je vous invite à visiter mon site au http://www.maitregargouille.com/. Rappelez-vous que VOUS SEUL pouvez faire une différence et m’aider à garder une pauvre, répugnante, visqueuse, mais mignonne créature dans ses chaînes. En achetant mes cordes.

Monday, April 7, 2008

Ça y’est!

J’ai récemment eu l’opportunité de prendre quelques verres avec la jolie secrétaire du 13è étage. Celle qui me fait rougir jusqu’aux oreilles chaque fois que je passe devant son bureau.

En anticipation, probablement futile, de sa venue dans mon antre, j’ai soigneusement caché ma petite bête dans un placard, prenant soin de l’immobiliser en attachant les quatre chaînes de son collier de fer au plafond et de la rendre muette grâce au bâillon en ruban électrique que j’ai savamment confectionné à son intention. Au final, l’animal semblait assez heureux de son sort (j’ai appris que les gargouilles apprécient être enserrées par des colliers de fer et recevoir des choses collantes dans la bouche).

Au bar tout s’est bien passé. Mon envie désespérée de contact physique avec une créature non morveuse (ben… sauf en ce qui concerne la « morve goûteuse » *rougissement*) ne transperçait pas trop. J’espère. Probablement pas. Je suis certain qu’elle n’a pas remarqué mon tic nerveux, qui consiste généralement en une chorégraphie assez élaborée de replaçage de poche et de gratouillage de narines.

Après sa délicate enfilade de bières légères et de shooters multicolores (qui, de façon assez stupéfiante, s’harmonisaient avec les couleurs du tatouage qu’elle a dans le cou), nous sommes partis d’un pas allègre vers mon domicile, n’arrêtant qu’occasionnellement aux haltes-poubelles afin de donner libre cours à ses tentatives d’évacuation stomacale, pendant que je la retenais galamment afin de l’empêcher de tomber inconsciente dans le banc de neige.

…puis, nos esprits délicieusement vivifiés et notre désir naissant furent assourdis par la symphonie de nos cœurs battant à l’unisson.

Lorsque j’ai ouvert la porte d’entrée, j’ai réalisé que je n’avais jamais vu Gargouille à proximité d’une femme non amputée. Il a réussi à sentir la femelle à travers la porte du placard et il semble que ça l’ait rendu quelque peu détraqué. Après avoir arraché les chaînes du mur (ne pas oublier de donner la marque de vis à gyproc cheapos à la jeune femme; elle voudra sans doute inclure leur fabricant dans sa poursuite judiciaire afin d’obtenir dédommagement pour les dépenses médicales encourues), il a bondi jusqu’à sa taille, a enfoncé ses griffes dans le bas de son dos et s’est lancé dans une inspection hyperventilatoire des odeurs féminines, ses chaînes pendantes allant marteler les tibias et les orteils de la belle.

Cependant la chance me souriait et j’ai eu la rapidité d’esprit de défaire ma ceinture et de l’utiliser comme martinet improvisé. Après une douzaines de coups aux omoplates, Gargouille a doucement lâché prise et s’est effondré sur le sol, en extase totale. J’exhortai la demoiselle à partir illico tandis que je tentais de maintenir l’animal dans son masochisme bienheureux et elle a (très à propos d’ailleurs – ses attributs supérieurs feront certainement d’elle une excellente génitrice) compris qu’elle avait là l’opportunité d’éviter le démembrement.

Je me rappellerai toujours de son regard lorsqu’elle a vu le petit être salivant accourir vers elle. Ses magnifiques yeux verts presque complètement sortis de leur orbite. *soupir*

Trois semaines plus tard, j’ai appris, par le biais du réseau à potins du bureau, qu’elle avait quitté la compagnie. Plusieurs hypothèses ont été formulées quant à la raison de ce départ précipité, mais elle n’a laissé aucun indice, et mystérieusement, aucune adresse de réexpédition.

J’ai, depuis, fait fabriquer une cage pour mon geyser à salive, avec barreaux d’acier larges de trois centimètres, complètement enserrés par une plaque de diamant.

Le tout par mesure de protection pour la prochaine fois que j’emmènerai une femme à la maison. J’ai aussi appris de nouveaux trucs avec la ceinture. Voilà qui est très bien.

Sunday, April 6, 2008

Ouaaaaasshh !!!

Mon appartement est un gigantesque bordel.

Peu importe mes tentatives de contraindre son territoire en raccourcissant ses chaînes, mon compagnon reptilien réussit toujours à vomir des fluides corporels médiévaux dans chaque recoin de mon humble, mais-possédant-un-certain-charme très-célibataire-masculin-lorsque-je-tente-un-ménage-pré-rancard

(comme si j’allais vraiment réussir à draguer des pitounes) logis du Plateau. Un antre à gonzesses pleinement fonctionnel. Mouaip.

…Il réussit même à faire des ricochets avec son dégueulis atomique du mur aux placards et tiroirs. Sans blague. Je suis donc allé à la quincaillerie du coin et je les ai dévalisés de tous leurs stocks de bâches en plastique ultra résistant et de toutes les vadrouilles à piles avec tampons ultra absorbants. Pft. C’est ça ouais. La morve de Gargouille les fait fondre en trois secondes. J’en ai été réduit à coudre leurs endos en velcro sur des franges de collection de Zamboni achetées sur eBay de concierges d’arénas de la Saskatchewan.

Tell
es sont les joies liées à l’adoption d’une gargouille.

Je suis un gars simple, normal, dans la mi-trentaine, travaillant comme conseiller en gestion, luttant pour que mes abdos éclatent à travers le gras qui se fait de plus en plus tenace, rêvant de cette envoûtante rousse qui surgira dans ma vie, mettant fin à un perpétuel narcissisme onaniste. Ouaip. J’suis vraiment un gars à faire rêver.

… particulièrement avec ce coïteux petit être préhistorique, vomissant, pissant, pétant, morvant et tout ce qu’il peut trouver d’autre pour empester ma vie. Au moins il fait de vraiment très belles cordes.

Seul et désespéré, j’ai entrepris la rédaction de ce blogue. Ma psy prétend que ça pourrait aider. Les pilules qui me provoquent des impuissances occasionnelles (et salutaires, si l’on tient compte de ma traversée d’un désert lubrique) ne fonctionnent pas alors… ça ne coûte rien d’essayer.